la madonne noire
la madonne noire
A l'horizon monte une nue,
Sculptant sa forme dans l'azur :
On dirait une vierge nue
Emergeant d'un lac au flot pur.
Debout dans sa conque nacrée,
Elle vogue sur le bleu clair,
Comme une Aphrodite éthérée,
Faite de l'écume de l'air.
On voit onder en molles poses
Son torse au contour incertain,
Et l'aurore répand des roses
Sur son épaule de satin.
Ses blancheurs de marbre et de neige
Se fondent amoureusement
Comme, au clair-obscur du Corrège,
Le corps d'Antiope dormant.
Elle plane dans la lumière
Plus haut que l'Alpe ou l'Apennin ;
Reflet de la beauté première,
Soeur de " l'éternel féminin ".
A son corps, en vain retenue,
Sur l'aile de la passion,
Mon âme vole à cette nue
Et l'embrasse comme Ixion.
La raison dit : " Vague fumée,
Où l'on croit voir ce qu'on rêva,
Ombre au gré du vent déformée,
Bulle qui crève et qui s'en va ? "
Le sentiment répond : " Qu'importe !
Qu'est-ce après tout que la beauté,
Spectre charmant qu'un souffle emporte
Et qui n'est rien, ayant été !
" A l'Idéal ouvre ton âme ;
Mets dans ton coeur beaucoup de ciel,
Aime une nue, aime une femme,
Mais aime ! - C'est l'essentiel ! "
Le fin tissu glisse doucement sur ton corps
Laissant apparaître une peau dorée
Un grain de satin et velouté
Deux seins glorieux se dressent
Au contact de l’air
Un ventre bien lisse
De très jeune femme
Le nombril comme un coquillage
Invite à venir l’admirer
Sa main retient l’étoffe
Pour attiser le désir
Le creux des reins
Se dessine et espère des mains
Pour l’enserrer
Se dévoile ensuite deux longues jambes
Au galbe parfait
Les yeux baissés elle attend
Que monte la fièvre passionnée de l’homme
Qui viendra la combler
abandon
la chute
brune
la punition